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Culture
- Publié le 15 mars 2024

Ballet de l’Opéra de Lyon : rencontre avec Cédric Andrieux

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Portrait de Cédric Andrieux
Crédit photo : Cédric Andrieux - 2024 / Muriel Chaulet - Ville de Lyon

Cédric Andrieux est directeur du Ballet de l’Opéra de Lyon depuis août 2023. Nous l’avons rencontré en prévision de l’entrée au répertoire de la pièce BIPED du chorégraphe Merce Cunningham cette année. L’occasion d’échanger sur son arrivée et les enjeux du Ballet à l’heure actuelle.

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Comment se passe votre première saison à l’Opéra de Lyon ? 

Cédric Andrieux : J’ai été danseur du Ballet de 2007 à 2010. C’est donc à la fois un goût de connu et en même temps beaucoup de découvertes. Il y a plein de signes qui rendent cette première saison très accueillante.
Je suis très heureux de la saison qu’avait construite Julie Guibert, pouvoir rentrer dans ces lignes-là me convenait tout à fait. Nous présentons notamment en avril le programme Cunningham Forever que j’ai dansé dans la compagnie pendant 10 ans. Il est une figure majeure que notre Ballet interprète partout dans le monde. 
J’ai été extrêmement bien accueilli par les danseurs du Ballet et par ailleurs, Lyon est une ville que je connais très bien, j’y ai vécu pendant 8 ans.

Qu’est-ce qui fait la singularité de l’Opéra de Lyon ?

Une des particularités du Ballet de l’Opéra de Lyon est qu’il rayonne à l’international. Il a toujours été très présent aux États-Unis, en Asie, en Australie… dans les grands festivals européens et à Paris avec un partenariat très fort avec le Théâtre de la Ville, le Festival d’Automne ou la grande halle de la Villette. 
La spécificité du Ballet s’est faite aussi par ses interprètes. C’est l’une des premières compagnies qui a osé s’aventurer dans des écritures très contemporaines avec des danseurs dits "classiques". Et aujourd’hui encore, il y a peu de compagnies qui font un tel grand-écart stylistique. Avec un répertoire qui demande une exigence technique et une virtuosité extrêmement forte, et en même temps une approche par exemple beaucoup plus théâtrale comme c’est le cas pour Canine jaunâtre 3 de Marlene Monteiro Freitas. Une danse beaucoup plus performative. 

La pièce BIPED de Merce Cunningham entre au répertoire du Ballet cette année ? Qu’est-ce qu’elle représente pour vous ?

Le Ballet de l’Opéra de Lyon est une des compagnies qui a le plus large répertoire Cunningham. Une relation de grande confiance s’est tissée avec la Merce Cunningham Trust. BIPED est une pièce emblématique à plein de niveaux, la plus grandiose et la plus romantique de Merce Cunningham. Quand il crée BIPED en 1999, à 80 ans, Cunningham travaille avec des ingénieurs de San Francisco pour développer un décor numérique. Un écran en avant-scène accueille les projections d’avatars et effets lumineux. Avec la musique du compositeur Gavin Bryars qui amène quelque chose de très onirique et l’emploi des nouvelles technologies, on atteint un peu une apothéose.

Et qu’est-ce qu’elle représente pour moi ? C’est une pièce que j’ai dansée plus de 200 fois avec la compagnie Cunningham. J’ai remplacé le danseur qui ouvre BIPED avec un solo. Ce solo m’a accompagné pendant les 10 ans où j’ai dansé dans cette compagnie. J’en ai également repris 2 extraits dans un solo créé avec Jérôme Bel en 2009.  BIPED m’a ainsi accompagné pendant plus de 20 ans. C’est une œuvre avec laquelle j’ai grandi.

Quels sont les enjeux d’avenir pour le Ballet de l’Opéra de Lyon ?

Un des enjeux aujourd’hui, est la question de l’implantation territoriale du Ballet et de sa mobilité. Comment on articule cela sur le plan écologique, environnemental ? On essaye de travailler différemment avec les agents et les programmateurs pour faire en sorte que le Ballet continue de rayonner, mais de façon responsable. Si on va aux États-Unis, nous essayons de partir trois semaines plutôt que d’y aller pour une date. C’est tout un écosystème qui évolue et en même temps, on réinvestit ce territoire extrêmement riche d’Auvergne-Rhône-Alpes, la Bourgogne, les pays limitrophes comme la Suisse, l’Allemagne, l’Italie. Cela nécessite de penser et sécuriser les programmations très en amont.

Par ailleurs, dans la danse, et dans l’art en général, la crise du Covid a réinterrogé notre rapport au travail et avec le mouvement MeToo la parole s’est libérée. Aujourd’hui, on pense le cadre de travail avec toutes ces questions sociétales qui nous habitent. Comment on inclut dans une question artistique des enjeux d’être ensemble, quelles sont les règles qu’on se donne, les moyens de communication qu'on met en œuvre ? Quelles vigilances mettre en place ? C’est quelque chose qui m’intéresse beaucoup. 

Les enjeux de programmation sont également importants. Il s’agit de défendre les œuvres du répertoire, c’est grâce à cela que l’on peut encore voir sur scène Set and Reset de Trisha Brown ou BIPED de Merce Cunningham … Nous sommes également une maison de création, on doit être à l’affut des créateurs d’aujourd’hui et de demain.

Le Ballet de l’Opéra de Lyon est l’un des rares aujourd’hui avec un tel positionnement artistique, avec tout ce que ça peut représenter comme attentes, à tous les endroits : artistiques, éthiques, managérial…   

 

En savoir plus sur Cédric Andrieux sur le site de l'Opéra de Lyon
Découvrez le programme Merce Cunningham Forever du 16 au 21 avril 2024 sur le site de l'Opéra de Lyon

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