Rencontre avec Sophie Chabanel

Quel est le point commun entre un bar à chats, une exposition de cadavres plastinés, un four solaire et une adaptation contemporaine de la tragédie Les Suppliantes ? Ils sont tous dans les romans de Sophie Chabanel ! Autrice lyonnaise, on connaît aujourd'hui Sophie Chabanel pour ses polars aux titres de chats : de La Griffe du chat à La Tragédie du chat en passant par Le Blues du chat ou encore L'Emprise du chat, nous suivons les états d'âme de Ruru, désormais célèbre chat de la commissaire Romano. Nulle résolution d'enquête par Ruru cependant, les affaires sont bien menées puis élucidées par le duo d'humains Romano et son adjoint Tellier. Car ce sont moins les faits divers que les faits de société qui sont la vraie raison des livres de Sophie Chabanel. Dans son essai Le Principe de réalité (Plein jour, 2015), elle revient sur son expérience de travail au sein d’une association d’aide au logement, et nous explique l’inextricable « labyrinthe de l’action sociale ». Ses deux premiers romans, Décompte (Albin Michel, 2006) et Birgit Pécuchet n’est pas une sainte (Anne Carrière, 2008), abordaient plus légèrement les questions du désir d’enfant ou du parcours de vie d’une jeune femme en décalage avec son temps. Quant aux personnages des romans policiers, il se font les porte-parole occasionnels mais toujours avec humour de grandes causes, ils dialoguent âprement et pêle-mêle autour d’un mémorial de la Grande guerre, de #Metoo et la libération de la parole, des luttes décoloniales ou des préjugés concernant les femmes qui, surtout, consternent la commissaire Romano.

Parce qu’elle a plusieurs cordes à son arc, Sophie Chabanel pratique aussi l’écriture appliquée : très bonne connaisseuse du monde de l’entreprise, elle est formatrice et anime des ateliers d’écriture professionnelle (mails, rapports, écrits des travailleurs sociaux...). Cette pratique nous intéresse et nous verrons ce qu'elle dit de la démarche d'écriture de l'autrice. Une démarche de création dont Sophie Chabanel nous parlera en allant piocher dans les rayons de la bibliothèque les œuvres qui l'ont inspirée, qui l'ont construite ou qui ont marqué un tournant dans son parcours.