Place aux enfants !
17 janvier 2022
Créer la “ville des enfants”, c’est recueillir et prendre en compte leur parole. C’est aussi repenser la cité pour leur donner toute la place et favoriser leur autonomie, leur épanouissement. Les “rues des enfants” en constituent un premier exemple concret. Mais pas le seul.
Donner toute leur place aux enfants dans la cité : telle est l’ambition de la « ville à hauteur d’enfant », dont les premières réalisations sont visibles depuis 2021. Concrètement tout d’abord, avec la réalisation de 29 « rues des enfants » offrant aux bambins d’accéder à leur école ou à leur crèche de manière apaisée et sécurisée. Sur le plan de la citoyenneté ensuite, avec la mise d’outils innovants pour favoriser l’accès des enfants à la démocratie locale.
On citera évidemment les conseils d’arrondissement des enfants. Dans le 1er, il est actif depuis 2015 et les promotions successives ont engagé de nombreux initiatives : boîte à partage alimentaire, réflexion sur l’avenir du parc Sutter, de la place Sathonay…
Nouveaux conseil d'arrondissement des enfants
L’expérience est également positive sur le plan personnel : « Certains participants se sont épanouis, ont pris confiance en eux, se transformant parfois », expose l’élue du 1er, Fatima Berrached, qui ajoute : « ils sont par ailleurs parfaitement conscients sur ce qui peut être fait ou pas ».
À Lyon, cet exemple va devenir la norme. Un conseil des enfants s’est installé fin 2021 dans les 3e, 5e et 8e arrondissements. D’autres suivront en 2022, préludes à un conseil municipal des enfants, à l’image de celui des « grands ».
« Les enfants sont aussi des citoyens, il faut qu’ils participent à la vie de leur ville, abonde Tristan Debray, conseiller municipal délégué à la ville des enfants. On sait que dès 6 ans ils peuvent avoir des propositions. Il faut rendre la ville plus sûre, plus conviviale pour qu’ils soient plus autonomes dans l’espace urbain. »
La rue, terrain de jeu
Les piétonisations des « rues des enfants » devant les écoles sont une première traduction concrète d’un aménagement pensé pour et avec les enfants. Mais l’urbanisme n’est pas le seul domaine où la place des enfants peut être réinterrogée. Des institutions culturelles innovent avec des installations dédiées aux familles lors de la récente Fête des Lumières ou encore une expo à venir au musée d’Art contemporain. Tout cela concourt à créer la « ville des enfants », comme le démontre l’expérience de la ville italienne de Fano, initiée dès 1991. Plus largement, la labellisation « Lyon ville amie des enfants » par l’Unicef ouvre de nouvelles pistes.
La nature, un atout pour les enfants
Favoriser le développement des enfants, c’est aussi leur offrir les nombreux bienfaits de la nature en la matière, et ce, au cœur de la ville.
« Les bénéfices de la nature pour l’enfant sont parfaitement identifiés : baisse du stress, de l’angoisse, de l’obésité, meilleur apprentissage moteur, relations sociales plus apaisées, immunité plus forte… » Kristine Adamsen forme les professionnels de la petite enfance aux activités à mener en extérieur avec les bambins, forte de sa nationalité danoise. « Être dehors est la norme chez moi pour les petits et les villes sont organisées de façon à conserver des espaces de nature dans chaque quartier avec des lieux dédiés pour le jeu de 0 à 18 ans. »
Prendre exemple sur les cités de l’Europe du Nord passe par différentes voies. Végétaliser davantage l’espace urbain, d’abord, par la plantation de mini-forêts urbaines, de vergers, etc. Ensuite, remettre de la nature là où les petits s’ébattent, en particulier les cours d’écoles et de crèches, le plus souvent bétonnées. À Lyon, les premières pousses sont apparues dans 7 cours en 2021. Une moisson de 70 végétalisations dans les écoles et 90 en crèches est attendue pour 2026. Avec des arbres, du relief dans les aménagements, de l’ombre, des espaces d’activités rééquilibrés ; le tout en fonction de la topographie, des souhaits des enfants - toujours consultés dans la démarche -, et des enseignants - dépositaires d’un nouvel outil pédagogique.
Crèche de plein air
La logique sera poussée plus loin avec une crèche de plein air en cours de réflexion sur l’esplanade Mandela (3e). « Les petits, à partir de 18 mois, y seront dehors en permanence, détaille Kristine Adamsen. Il faut juste un abri pour le change ou la sieste. »
Cette éducation à la nature, par la nature, est également inscrite au sein du Projet éducatif de Lyon pour la période 2022/2024, récemment adopté par le Conseil municipal. De 0 à 16 ans, on pourra désormais être sensibilisé à la transition écologique dans les temps scolaire, péri- et extrascolaires.
Pour que les p’tits gones deviennent des adultes responsables.