Projet éducatif : la parole est aussi aux enfants
Les écoliers sont les premiers concernés par leur… école. C’est pourquoi la Ville de Lyon a décidé de leur donner la parole pour la rédaction du Projet éducatif lyonnais 2021-2026. Oreille tendue vers les élèves des Tables-claudiennes (1er) et de Pradel (6e)…
« Trouvez-vous qu’on vous donne beaucoup la parole les enfants ? », questionne Sylvie, animatrice des ateliers périscolaires à l’école des Tables-claudiennes (1er arrondissement). Réponse des élèves, unanime : « Non ! ». Sylvie enchérit : « Voulez-vous qu’on vous la donne ? », nouvelle réponse de concert : « Oui ! » « Alors, profitez-en aujourd’hui », enjoint l’animatrice.
Sylvie est aussi plasticienne. Pour permettre aux enfants de bien comprendre la démarche initiée par la Ville de Lyon et de s’exprimer pleinement, elle a imaginé et créé, avec ses collègues, « Le train de la parole et des envies ». « Il y a trois gares, une pour chacun des thèmes que la Mairie nous demande d’aborder : l’éducation et l’école idéale ; la transition écologique ; la citoyenneté. Les élèves passent d’une gare à l’autre », détaille-t-elle. Après avoir expliqué aux enfants toutes ces notions, Sylvie et Emmanuelle les invitent à noter leurs réflexions, souhaits et rêves sur de grandes feuilles accrochées au mur. Aujourd’hui, l’atelier concerne les CE2-CM1 mais toutes les classes seront impliquées. « Les plus jeunes peuvent faire des dessins », souligne Emmanuelle. Tandis qu'en maternelle, des contes mettront les tout-petits sur la voie.
« Tourner des films »
Les idées fusent, les feuilles blanches se parent de toutes les couleurs des feutres donnés aux élèves pour les consigner : « Mettre une piscine », « qu’il y ait des toilettes filles et des toilettes garçons », « faire un point de rassemblement pour donner à manger aux pauvres », « tourner des films », « faire des poésies nous-mêmes », « ne plus avoir de couverts ni de sacs en plastique », « faire des semaines vertes (sans travailler) », « faire des débats sur des thèmes particuliers », « ne pas être raciste », « regarder si une personne est toute seule et s’amuser avec elle », « faire des siestes même pour les grands », « arrêter la violence », « avoir un bar dans les cours avec des boissons », « il n’y a pas assez de plantes dans la cour, mettre plus d’herbe »…
Parce qu’en ce jour de juin, il fait très chaud dans cette école et que ses deux cours bitumées agissent comme des pompes à chaleur, le manque de végétation revient beaucoup.
« Plus de parcs »
« Mettre des plantes un peu partout dans la ville » et « des arbres dans la cour » revient également souvent dans les vœux des écoliers de Louis Pradel (6e arrondissement). Tout comme « faire un potager que les dames de la cantine utiliseraient pour cuisiner », « planter des arbres fruitiers », « mettre des fleurs pour faire venir les abeilles », « mettre du gazon sur le terrain de foot »… Car ici aussi, à la récré, on joue sur le bitume.
Qu’ils s’agissent des CE1 interrogés par l’animatrice Amélie ou des CE2-CM1 avec Emeline, « jeter les déchets par terre » n’est pas acceptable. Il faut donc, par exemple, « mettre des pancartes pour dire aux gens de jeter dans la poubelle » mais aussi « ajouter des couvercles aux poubelles pour que les déchets ne s’envolent pas ».
« Faire des routes plus petites pour qu’il y ait moins de voitures et moins de CO2 », « mettre des grenouilles comme ça on aurait de la musique pendant la récré », « recycler des choses », « des immeubles pour permettre aux SDF de se loger », « plus de parcs parce qu’il n’y en a pas beaucoup »… sont d’autres propositions.
Malgré leur jeune âge, les CE1 ont déjà une solide conscience de la citoyenneté : « dire bonjour », « devoir écouter, respecter et ne jamais taper », « se respecter l’un l’autre même si on n’aime pas l’autre »…
Parfois les petits donnent aussi des leçons aux grands.
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