Chaleur urbaine : les solutions à l’œuvre
De plus en plus fréquentes, les canicules frappent plus durement les agglomérations que les campagnes. Mais la fatalité n’est pas de mise, des solutions existent pour recréer de la fraîcheur naturelle : espaces verts de pleine terre, toitures végétalisées, sols de couleur claire…
Revoilà l’été et ses pics de canicule qui alimentent les îlots de chaleur urbains (ICU), sortes de dômes thermiques engendrés par les matériaux utilisés pour construire les villes. Béton et asphalte absorbent la lumière au lieu de la réverbérer, avec pour conséquence une élévation des températures, en particulier la nuit, lorsque ces surfaces exhalent la chaleur stockée le jour.
Le phénomène empêche la fraîcheur nocturne de s’installer et de soulager les habitants qui, dès lors, utilisent la climatisation pour se rafraîchir. “Clim’” dont l’usage provoque… une augmentation de la température extérieure !
Impliquer tous les acteurs
À Lyon, l’effet des ICU réhausse la température d’environ 5°C. Pour freiner ce cycle infernal, le rôle de la nature en ville est primordial : un parc fait baisser la température alentour de 2°C, et le ressenti à l’ombre de 10°C ! Alors que Lyon compte 300 espaces verts publics, soit un à moins de 300 m de chaque Lyonnais, un “plan 100 000 arbres” récemment décidé par la Ville va doubler le nombre de plantations dans les 10 prochaines années.
Inauguré en 2017, le parc Zénith (3e) est emblématique du bénéfice des parcs. Des bassins d’eau pour le confort et un arrosage “malin” grâce à l’eau de pluie récupérée sur le toit de l’école Émile Cohl mitoyenne. Le tout sur 8 000 m2 en lieu et place d’une friche industrielle dans un quartier dense. Autre lieu, autres contraintes, la consultation “Parlons nature”, qui vient de s’achever, veut également ramener de la verdure et de l’ombre dans une Presqu’île en demande.
Mais, à l’échelle d’une ville, c’est l’implication de tous qui permettra d’augmenter la surface d’espaces verts. Une des vocations du nouveau Plan local de l’urbanisme et de l’habitat (PLUH), qui régit le développement de l’agglomération pour les prochaines décennies, est donc d’inciter aux conduites vertueuses. Première nouveauté, il impose aux constructeurs de réserver une surface de pleine terre dans chaque projet. Cela peut aller jusqu’à 40 % à Lyon pour favoriser l’absorption des eaux de pluie par le sol ; eau qui sera ensuite “évapotranspirée” par des arbres de haute tige, sources de fraîcheur alentour !
Outre la sanctuarisation de zones boisées ou naturelles, le PLUH va aussi réduire la place des voitures et donc des moteurs thermiques qui, en plus d’émettre des particules polluantes, dégagent de la chaleur. Pour ce faire, les normes de construction de places de stationnement sont plus fortement liées à la présence des transports en commun. Ainsi, sur les Pentes de la Croix-Rousse un promoteur doit fournir une place de parking pour 115 m2 bâtis, contre 1 pour 75 m2 auparavant.
Végétaliser les toits
Pour lutter contre les ICU, l’autre enjeu majeur réside dans le choix des matériaux et des usages pour construire la ville, notamment pour la “5e façade”, ce toit qui peut, sous conditions, être végétalisé. Avantages : une meilleure isolation de l’édifice et une baisse des températures. À ce jour, les bâtiments municipaux comptent environ 24 000 m2 de toitures végétalisées. Les 6 prochains groupes scolaires à venir d’ici à 2023 en seront dotés. Au sol, le choix des matériaux est décisif : plus clairs, ils réverbèrent davantage la lumière que l’asphalte “noir” et stockent donc moins de chaleur. La SPL Lyon Part-Dieu a mené une expérimentation en 2017 sur les différents types d’enrobés de sol. Les résultats ont conforté les usages de la SPL : béton clair, calcaire et granite sont jusqu’à 20°C moins chauds que l’asphalte.
Des conclusions utilisées sur le terrain. Place de Francfort, des dalles de granite clair ont été posées au sol et dotées de joints poreux laissant s’infiltrer l’eau de pluie dans une fosse de 3 000 m3 composée de terre et de pierre. L’eau alimente ensuite les arbres plantés en surface. Des dispositifs comparables ont été employés rue Garibaldi, place Renée-Richard devant les Halles ou encore sur le parcours du futur tram T6.
Construire autrement
Autre ambition collective : rénover thermiquement le bâti pour qu’il soit plus économe en énergie et moins sensible aux aléas climatiques. Si la Ville vient d’annoncer un plan de 100 millions d’euros pour les principaux immeubles de son patrimoine (BmL, piscine Garibaldi, Maison de la danse, hôtel de Ville…), elle a également augmenté de près d’1 million d’€ sa participation à Ecorenov’ (pour un total de 2,1 M€). Ce dispositif a déjà permis d’aider la rénovation thermique de 1 250 logements privés à Lyon.
Les nouveaux ensembles qui sortent de terre utilisent ces différentes options. Comme aux Girondins (7e), où des revêtements en béton désactivé de teinte claire recouvrent les sols et où une trame verte traverse l’ensemble du quartier. Les îlots eux-mêmes comportent 2,3 ha de terrain planté en leur sein. Enfin, et au premier chef, la lutte contre la chaleur concerne directement… les habitants, et en particulier les plus fragiles (enfants, personnes âgées…).
À chacun d’être attentif à soi et aux autres, en suivant les recommandations du plan canicule ou en utilisant la carte des lieux frais.
CHiffres clés
600 lieux frais recensés
20 000 arbres supplémentaires dans les 10 ans
24 000 m2 de toits végétalisés dans le parc de la Ville
lieux et parcours frais
Traboules, bâtiments, parcours ombragés, lieux remarquables, accessibles aux PMR... consultez le plan interactif des lieux et parcours frais
Cette cartographie est enrichie avec des « parcours frais » reliant parcs et jardins, monuments, traboules, rues ombragées. Ces itinéraires sont l’occasion de (re)découvrir le patrimoine végétal et historique de la cité, de manière agréable, même par temps chaud. Elle recense plus de 600 lieux.
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