Mobilités : partager l'espace public
17 Mai 2019
Multiplication des moyens de transports, explosion de la pratique des déplacements doux et alternatifs : le dynamisme des mobilités urbaines va de pair avec celui de la cité. Une nouvelle ère débute, voyage en (avant-) première classe.
Impossible de ne pas relever la brusque accélération des mobilités urbaines ces derniers mois. L’expansion démographique et économique de la ville rencontre ici les nécessaires préoccupations écologiques et les innovations techniques. Avec un constat : après l’ère du tout-voiture, place à celle du partage de l’espace entre les usagers qui passent d’un mode de transport à l’autre au cours du même trajet.
TCL sur tous les fronts
Premier maillon, essentiel dans une agglomération de taille européenne, les TCL ont connu une croissance soutenue de 5 % en 2018, à plus de 480 millions de voyages. À la fois cause et conséquence de cette hausse, les capacités de l’ensemble du réseau sont augmentées. Dès la fin 2019, la 6e ligne de tramway sera mise en service. De Debourg à Hôpitaux Est, ses 14 stations inaugureront les lignes de transports circulaires, où l’on ne transite plus par le centre pour se déplacer. Plus au sud, les travaux de la ligne B du métro progressent vers Hôpitaux Sud, qu’elle atteindra en 2023. Et, déjà, la 5e ligne du réseau s’annonce pour décongestionner l’Ouest lyonnais (voir en page 17). Le plan “avenir métro” du Sytral prévoit aussi d’accroître les capacités de 50 % sur la ligne B, 28 % sur la D et 12 % sur la A aux heures de pointe à l’horizon 2023. Un investissement de 430 millions d’€ pour installer progressivement des nouvelles rames sur les lignes B et D, la ligne A récupérant le matériel de ses consœurs pour augmenter ses cadences.
Côté tramway, l’ambition du Sytral est de renforcer la capacité de +15 % sur les lignes T1 et T2 et de +30 % sur la T4 d’ici à 2020. Cette dernière sera uniquement exploitée par des rames longues de 43 m à compter de fin 2019. Quant au T2 il sera prolongé en 2020 jusqu’à Montrochet pour mieux desservir La Confluence. Enfin, de nombreuses lignes de bus ont été renforcées aux heures de pointe, mais aussi, lorsque c’est nécessaire, en soirée, ou lors des vacances scolaires pour s’adapter aux besoins des Lyonnais.
Des Lyonnais qui ont su se convertir à l’usage des modes doux et, en particulier, du vélo. Précurseur avec le Vélo’v, Lyon a fait une place de choix aux deux-roues dont la pratique augmente de 25 % chaque année depuis 2016.Les itinéraires cyclables (pistes, bandes et double sens) connaissant une progression similaire. De 140 km en 2014, ils seront 300 l’an prochain, Lyon rejoignant ainsi Strasbourg, référence nationale en la matière. Et le succès du Vélo’v 2 lancé l’an dernier (+12 % sur les 6 premiers mois) poursuit dans l’innovation avec son appli pour prendre le vélo sans passer par la borne…
Vélo : +25 % par an !
Si la place de la voiture en ville ne peut plus être la même, elle doit se réinventer. Là aussi Lyon fut novateur avec la création, dès 2008, du service d’autopartage de LPA Autolib’, devenu Citiz depuis. Rebelote l’an dernier avec Yea ! : autopartage toujours mais sans attaches, où l’on dépose le véhicule sur un stationnement ordinaire une fois la location terminée. Entre-temps, les véhicules électriques de la société Bluely et leurs 103 stations ont complété la gamme pour une mobilité partagée.
Électrique : le mot est lancé ! C’est le moteur d’une nouvelle révolution des déplacements à l’œuvre ces derniers mois qui s’applique à une multitude de supports. Les vélos tout d’abord. Dans une ville aux pentes parfois raides, les usagers ont compris l’intérêt d’un coup de pouce dans le sens de la montée. Depuis l’an dernier, l’offre de location My Vélov permet de se familiariser avec cette aide avant d’acheter. Ensuite viennent de drôles de véhicules, gyropodes, hoverboards…
Et, enfin, les trottinettes. Leur usage s’est répandu sous l’impulsion des opérateurs de « free-floating » (“véhicules flottants”) en quelques mois. Signe de la volonté des plus jeunes de pouvoir se déplacer librement. Mais, objets roulants non encore identifiés par la loi, ils posent des problèmes non négligeables quant à leur circulation et, surtout, leur stationnement, parfois anarchique.
Bonne conduite…
Dans l’attente d’une loi nationale, la Ville a édicté une charte de bonne conduite en cours de renforcement à l’attention des - nombreux - opérateurs, pour qu’ils incitent leurs clients à utiliser et stationner correctement les engins. Des nouvelles obligations vont être mentionnées comme la création d'emplacements virtuels de stationnement au coeur des applications, avec un dispositif de bonus/malus pour les usagers propre à chaque opérateur. La Ville a pris un arrêté pour que la Police municipale puisse sanctionner les conducteurs de trottinettes électriques circulant sur les trottoirs : 35 €. Une amende d'un même montant attend ceux pris en flagrant-délit de stationnement gênant. Le conseil municipal a également voté une redevance d’occupation commerciale de l’espace public d’un montant de 30 € par trottinette et par an. Cette redevance pourrait servir à financer la création de zones de stationnement dédiés à ces véhicules.
De façon générale, ces nouveaux usages doivent rappeler à chacun que l’espace public se partage. Avec une règle d’or : la priorité doit être donnée au plus fragile. Le piéton est prioritaire sur le cycliste ou le conducteur de trottinette, qui, eux-mêmes sont prioritaires sur l’automobiliste. En n’oubliant pas que nous sommes tous, tour à tour, piéton, cycliste ou automobiliste…
chiffres clés
300 km d’itinéraires cyclables en 2020
53 % des déplacements se font à pied
T6, la 6e ligne de tram ouvre en fin d’année