En terrain lyonnais avec Jérémie Azou (aviron)
10 avril 2017
Né à Avignon, Jérémie Azou a 28 ans, rame à Miribel et travaille comme kiné dans la région lyonnaise. A Rio, il a été sacré champion olympique en deux de couple poids légers masculin, associé à Pierre Houin.
Nous avons profité d’un moment de calme dans son emploi du temps pour le rencontrer au Parc de la Tête d’Or et lui poser quelques questions sur son sport, sur son métier… et sur Lyon bien sûr !
Quand êtes-vous arrivé à Lyon ? Dans quel contexte ?
Je suis venu pour mes études de kiné, il y a dix ans. Comme j’étais d’Avignon, pour mixer les études et le sport de haut niveau, le plus simple était d’emménager dans une grande ville.
Quelle est votre relation avec Miribel, votre lieu d’entraînement ?
C’est l’endroit où je suis le plus souvent, deux heures tous les matins quelles que soient les conditions, sauf s'il y a de la glace… Forcément c’est un lieu qui prend de l’importance. Objectivement c’est un des plus grands parcs périurbains d’Europe. J’ai donc la chance d’évoluer dans un cadre naturel assez exceptionnel, tout en étant proche de Lyon. Ce qui me plaît beaucoup c’est les ambiances que je peux trouver au lever du soleil, surtout en automne et au printemps. A 7h du matin, ce n’est pas pris d’assaut par les Lyonnais, on profite vraiment du site, d’un endroit protégé. Il y a peu de rameurs qui ont cette chance…
Comment fait-on pour arriver à se lever tous les matins pour aller ramer ?
C’est pas de la passion, c’est plutôt de la motivation. La passion, c’est quand on a le choix (rires)… Non, là, c’est la motivation, c’est l’objectif qu’on se fixe, c’est la dynamique de groupe. On sait qu’il y a des gens qui nous attendent pour qu’on puisse se retrouver et s’entraîner ensemble. Et il y a l’objectif final qui peut être un championnat d’Europe, un championnat du Monde ou les Jeux Olympiques… Il y a aussi une volonté plus personnelle… En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’on ne le fait pas pour l’argent !
Les JO c’est l’objectif ultime ?
Pour un rameur ça reste le plus beau. Tout simplement parce que la course n'est là que tous les 4 ans. Mais ce qui fait que c’est une course un peu plus spéciale que les autres, c’est ce que les médias en font… C’est vraiment une mise en lumière particulière qui fait que pour beaucoup de sports olympiques, ça reste le rendez-vous à ne pas manquer. Déjà parce que c’est tous les 4 ans et que ça repousse l’échéance assez loin si on rate le coche. Ensuite, parce que ça peut nous donner une certaine notoriété et une reconnaissance particulière.
Vos clients lyonnais savent-ils qu’ils se font masser par un médaillé olympique ?
Très peu. J’ai des patients de longue date, que je suis depuis très longtemps pour des pathologies chroniques et qui sont un peu tributaires de mon agenda. Au bout d’un moment, ils se disent : « c’est pas possible, il est pas tout le temps en vacances, quand même ? ». Il faut savoir qu’avec l’Equipe de France sur l’année, on cumule environ 160 jours de stage, c’est énorme ! En plus de mi-avril jusqu’à fin septembre, on est en plein cœur de la saison sportive. Et donc à ces clients, j’explique pourquoi je ne suis pas souvent là. Mais sinon ce n’est pas quelque chose que je mets en avant. Ce n’est pas de la pudeur ou de la timidité, c’est juste que je suis dans le cadre professionnel et que je veux être évalué sur mes capacités professionnelles, pas sur mon pedigree en tant que sportif.
Est-ce que vous êtes gourmand ? Vous aimez la cuisine ?
Ah moi je suis hyper-gourmand. D’ailleurs c’est paradoxal car j’appartiens à la catégorie poids léger qui impose un régime presque 6 mois de l’année. Sucré, salé, j’aime tout ! Surtout qu’à Lyon, il y a de quoi se faire sacrément plaisir.
Alors, comment faire pour rester à 70 kg ?
C’est une astreinte supplémentaire. Notamment par rapport à notre sport qui est à dominante aérobique, énergétique. C’est un sport d’endurance ou justement on a besoin de carburant, de bien s’alimenter. Mais c’est pas incompatible. Faire un régime c’est arriver à réguler en quantité. Je continue à me faire plaisir. Je prends toujours mon café avec mon carré de chocolat. Mais au lieu d’en prendre quatre, je n’en prends qu’un !
Vous venez d’Avignon, vous avez vécu à Lyon et maintenant direction Valenciennes : c’est pas commun comme migration ?
Non, c’est sûr. Et puis ce qui m’inquiète, c’est que plus ça va et plus je monte dans le nord. Je vais suivre ma compagne qui a une super opportunité de boulot à Valenciennes. On n’a pas d’enfants, pas de crédits, c’est pour un an, donc c’est pas très contraignant…
Qu’allez-vous regretter de Lyon ?
Mes amis sont ici, au niveau du boulot ça se passe bien et puis il y a aussi cette ville à taille humaine. On peut tout faire ici, en une ½ heure on peut aller où on veut… Tout ça donne beaucoup de confort au quotidien. Je pense que Valenciennes c’est juste une parenthèse et qu’on garde la perspective de revenir soit à Lyon, soit plus dans le Sud. Avec peut-être un an ou deux de coupure aux Etats-Unis. Mais Lyon reste quand même une de nos villes favorites.
Alors, on vous revoit bientôt ?
Très rapidement parce que de toute façon on a plein de stages avec l’Equipe de France et on transite par Lyon avant de partir à Aiguebelette ou dans le Jura. Ca m’arrange parce ce que ça me permet de retrouver un peu tout le monde, de faire un petit coucou aux copains ou aux collègues de boulot…