Exposition "Le cri du silence"

Du 24/04/2023 au 28/05/2023

Visuel paysage (large)

© Antoine Agoudjian

Exposition

Accroche détaillée

À travers les photographies d'Antoine Agoudjian, et à l'occasion de la commémoration du génocide des arméniens, la Ville de Lyon présente : « le Cri du Silence », exposition exceptionnelle du 24 avril au 28 mai. Des images autour des cicatrices causées par l'héritage du génocide et les guerres subies par le peuple arménien, d'une terrible actualité. 

Contenu

" J'ai débuté il y a trente ans une quête photographique, en mettant en images les récits oniriques légués par mes grands parents rescapés d'un génocide, celui des Arméniens en 1915. Je puise des allégories dans mon imaginaire et cherche à évoquer par l'image cet héritage oral, afin que le miracle photographique se produise. 

J'ai d'abord constitué en noir et blanc une fresque chargée par la mémoire des lieux empreints du vide laissé par l'effacement d'un peuple, puis je suis passé à la couleur, initiant ainsi une symbiose entre mémoire et Histoire. Je me suis rendu sur des terrains de guerre au Proche-Orient puis dans le  Caucase, afin d'y couvrir des conflits qui n'avaient, à priori, aucun rapport direct avec mon héritage mémoriel, mais tous avaient en commun de se dérouler à l'endroit même où fut perpétré ce génocide, ce qui a suscité en moi des émotions qui ne relevaient plus seulement de mon imaginaire, mais surgissaient d'épisodes réels de ma vie. 

Sur les terrains de guerre, j'ai éprouvé le sentiment paradoxal d'être le témoin de l'Histoire dont j'ai hérité. Secrètement, j'ai toujours éprouvé le besoin d'être l'un de ses témoins vivants. Cette vision constitue le socle sur lequel repose l'édifice de ma démarche. Mon travail photographique est depuis le départ habité et hanté par une lutte permanente contre le déni et la peur de l' anéantissement. 

Le 24 septembre 2020, l'Azerbaïdjan turcique qui revendiquait la souveraineté d'un territoire qui lui fut arbitrairement offert par le dictateur Staline en 1921, attaquait la République d'Artsakh (Haut Kharabagh), peuplée d'Arméniens, dans une vaste offensive militaire orchestrée par la Turquie. Dans un silence assourdissant, el bénéficiant d'une suspecte inertie de la Russie, une puissante coalition militaire, équipée d'armes modernes et épaulée par des mercenaires djihadistes, transférés de Syrie, déclenchait une offensive militaire qui après 44 Jours conduisit à la défaite d'une petite République habitée par un peuple présent sur ses terres depuis l'antiquité. 

La Turquie est l'héritière d'un crime impuni sur lequel s'est bâtie sa République en 1923, assimilant dans cet héritage une haine et une violence consubstantielles à l'impunité dont elle a bénéficié. Par son déni, elle est dans la quête perpétuelle d'un ennemi qu'elle veut tenir pour responsable de tous ses maux. Les drames d'aujourd'hui contiennent incontestablement dans leur essence, une filiation avec les drames d'hier, car ils ne peuvent se soustraire au principe de causalité et à la répétition dialectique de l'Histoire.

L'offensive sur l'Artstakh en 2020, suivie deux ans plus tard par l'annexion d'une partie du territoire souverain de l'Arménie par la coalition turco-azerbaïdjanaise, constituent bel et bien une volonté de parachèvement du processus génocidaire initié il y a 100 ans par le gouvernement des Jeunes Turcs et qui conduisit à la presque totale disparition des populations chrétiennes autochtones : arméniennes, grecques, syriaques et chaldéennes de l'Empire ottoman. Hier comme aujourd'hui, l'abandon des Arméniens dans l'indifférence générale rappelle plus que jamais le discours historique de Jean Jaurès intitulé « Il faut sauver les Arméniens », qu'il prononça à la Chambre des députés en 1896, soutenu par des intellectuels tels que Anatole France et Georges Clemenceau et qui dénonçait les massacres hamidiens perpétrés à l'encontre des Arméniens par le Sultan. 

Si l'on cède face à la tyrannie, alors on justifie l'anéantissement. "

Antoine Agoudjian

Infos pratiques

Du 24/04/2023 au 28/05/2023

Infos adresse supplémentaire

Place Antonin Poncet

 

L'Auteur

Né en 1961, il se consacre depuis plus de 30 ans à la photographie. Ancien membre de l'agence Rapho, ses rencontres décisives, notamment avec Robert Doisneau et Robert Delpire, inscrivent son travail dans le courant de la photographie humaniste. Son œuvre en noir et blanc est dédiée à la mémoire héritée de ses grands-parents arméniens rescapés d'un génocide. Couvrant les lieux historiques de son héritage mémoriel, Antoine Agoudjian construit une œuvre originale ou l'Histoire, sa trace et son écho brisent le silence imposé. Depuis 2015, l'introduction de la couleur dans son travail, avec la couverture des guerres en Irak, en Syrie et en Artsakh (Haut-Karabagh), témoigne d'une nouvelle étape dans son œuvre. Il crée ainsi une symbiose entre la mémoire du passé à l'histoire présente. Il est le lauréat du prix public en 2017, pour son travail sur la guerre de Mossoul au festival des correspondants de guerre de Bayeux Calvados et en 2021, il reçoit le premier prix du Visa d'Or CICR pour son travail réalisé dans le Haut-Karabagh. 

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