Le rôle des low tech dans la transition écologique

Dans un monde obsédé par la performance et la consommation, des expériences alternatives se développent pour penser la technologie autrement sans en revenir à l’ère de la bougie. Après avoir abordé différents aspects de de la sobriété numérique en 2021/2022, la BmL poursuit son exploration des enjeux du numérique en s’intéressant à la philosophie low tech et à sa mise en pratique.

La démarche low tech, qui consiste à s’appuyer sur des technologies plus sobres, durables et résilientes, combine sobriété à la source, conception la plus simple possible, réparation et réemploi, discernement technologique pour penser un monde plus respectueux des hommes et de l'environnement. Mais, face au mirage de la croissance verte, peut-on revisiter les principes d'une économie basée sur l'abondance des ressources et une logique consumériste ?

Le rôle du monde industriel, des chercheurs, des designers, des concepteurs et des techniciens dans la transition écologique pose question. Dans les écoles d'ingénieurs et de commerce, entre autres, les voix des jeunes diplômés s'élèvent pour dénoncer le manque ou l’absence de formation sur les enjeux de la transition environnementale et sociétale. Comment convaincre les décideurs et les acteurs industriels de changer ? Articuler l’histoire des trajectoires techniques aux enjeux contemporains, c'est l'expérience à laquelle nous invite la philosophie low tech, pour repenser notre rapport aux objets de grande consommation et aux services du quotidien.

Philippe Bihouix reviendra sur le contexte de tension sur les matières premières, les limites des promesses technologiques et le rôle que pourrait avoir cette philosophie low tech pour faciliter la mise en œuvre d’une "sobriété systémique" auprès des citoyens, des entreprises et des collectivités, dans un contexte économique contraint. Loin de dégrader notre quotidien ou de se résumer à l’austérité ou au rationnement énergétique, cet horizon pourrait signifier un renouvellement du lien social, un meilleur partage des compétences et des emplois, et une plus grande résilience face aux incertitudes à venir.

PHILIPPE BIHOUIX - Directeur général d‘AREP, agence d’architecture pluridisciplinaire

Philippe Bihouix a travaillé comme ingénieur-conseil ou dirigeant dans différents secteurs industriels, en particulier les transports, l’énergie et la construction. Il est actuellement directeur général d‘AREP, agence d’architecture pluridisciplinaire. Il est l’auteur d’ouvrages sur la question des ressources non renouvelables et des enjeux technologiques associés, en particulier L’âge des low tech (Seuil, 2014 ; Points 2021) et Le bonheur était pour demain (Seuil 2019 ; Points 2022). Dernier ouvrage paru : La ville stationnaire (Actes Sud, 2022).