De Lyon à Rio avec Maxime Thomas
7 mars 2016
A 32 ans, le pongiste du Club Sportif Charcot se dirige vers ses 3èmes Jeux Paralympiques. Après Pékin et Londres, ce sera Rio. L'aboutissement d'un cycle de 4 ans et d'un investissement sans faille...
Comment as-tu découvert ce sport ?
Maxime Thomas : J’ai commencé à pratiquer le tennis de table à ma sortie de l’hôpital. Avant de tomber malade, j’ai fait 10 ans de tennis valide et j’avais besoin de refaire du sport, donc je me suis tourné vers un sport de raquette.
Tu avais quel âge ?
J’avais 15 ans.
Quelles sont les qualités à associer au tennis de table ?
Comme tout sport de haut niveau, il faut une motivation et une volonté inébranlable. Après, c’est le travail, la rigueur. C’est un sport très technique, donc ça demande de passer des centaines et des centaines d’heures à la table à répéter les mêmes gestes. Je dirais aussi le dépassement de soi et l’engagement au quotidien.
Quel est ton planning sportif habituel ?
Deux entraînements par jour. Entre 2 et 3 h par entraînement. Généralement une heure de préparation physique, ça peut être de la musculation spécifique, du cardio-training, du gainage. Des soins aussi car notre corps est fortement sollicité et on a besoin de pouvoir récupérer rapidement pour enchaîner les entraînements. Souvent j’applique ce programme sur une période de 10 jours avant de m’accorder deux jours de récupération. C’est ce que je fais actuellement pour préparer les jeux Paralympiques de Rio.
Quels sont tes meilleurs souvenirs sportifs à Lyon ?
Quasiment tous mes souvenirs sportifs sont lyonnais. Je suis venu ici pour terminer mes études et lorsque j’ai préparé les Jeux de Pékin en 2008, je faisais déjà partie du club sportif Charcot de Sainte-Foy-lès-Lyon. Je me préparais avec Christophe Durand* avec lequel j’ai progressé et appris énormément au quotidien. Les moments marquants, c’est aussi la médaille de bronze ramenée des Jeux de Londres, un titre de Champion d’Europe en individuel l’année dernière ou le titre de Champion du monde en 2010. Ce sont des émotions que j’espère pouvoir revivre dans les mois qui viennent…
Alors puisqu’on parle des Jeux, est-ce que c’est une échéance difficile à préparer ?
Les Jeux c’est un rêve, un accomplissement. Une fierté, un honneur, un bonheur pour tout sportif. C’est faire partie du plus grand événement sportif de la planète ! C’est aussi beaucoup de travail. 4 ans de préparation c’est long. C’est souvent ponctué de défaites, des désillusions, des petites blessures, des petits moments de doute et de stress. Qu’il faut savoir balayer pour s’accrocher à son rêve et à ses objectifs. Ne jamais rien lâcher pendant 4 ans pour être prêt le Jour J.
C’est compliqué à organiser ?
Ca va être mes 3èmes Jeux donc j’ai un peu d’expérience. Mes saisons, ma planification, je les fais conjointement avec mon préparateur physique et mes entraîneurs. Mon cycle de 4 ans est bien rythmé, bien calibré. Cette année, j’ai mis en place de nouvelles choses comme de la préparation mentale, avec beaucoup de travail à l’extérieur. Ca m’oblige à partir longtemps de chez moi. C’est un coup financier très important aussi. J’ai la chance d’avoir des partenaires qui me suivent depuis Pékin, qui sont fidèles et qui font vraiment partie de mon projet sportif. Sans eux, je ne pourrais pas rivaliser avec les sportifs des nations asiatiques, qui sont quasiment tous professionnels… Tous ces témoignages c’est aussi un supplément d’âme quand on est en compétition. On a une ville dernière nous, on a des partenaires, on a des personnes qui nous soutiennent et qui nous aident à vivre notre rêve.
Rio, qu’est-ce que ça évoque pour toi ?
C’est un peu exotique. Après… Londres, c’était vraiment des Jeux magnifiques. Rio, on ne sait pas trop au niveau organisation, comment ça va se passer. Tout ce qu’on lit dans les journaux n’est pas très rassurant. A la fois, les Jeux c’est tellement gigantesque, on sait très bien qu’il y aura de l’engouement, que ça va vibrer… Ca va sentir bon le sport et la performance.
La question du dopage est au centre de l’actualité…
Les enjeux financiers incitent certaines personnes à se doper… Pour moi ça dénature totalement la performance sportive. Je ne vois pas l’intérêt de gagner en sachant qu’on est dopé… ça enlève toute la beauté du résultat. Dans le sport, pour arriver à gagner des médailles et à remporter des titres, au-delà de la compétition en elle-même, il y a tout le cheminement. Pour moi, tout le parcours est très très important. C’est ce qui fait la richesse et la qualité de chaque athlète. On doit passer des étapes et franchir des caps pour progresser. Le faire avec le dopage, je trouve que ça va à l’encontre de toutes les valeurs du sport.
Est-ce que tu vas emmener un objet avec toi à Rio ?
Non, je n’ai pas d’objet en particulier... Mais j’ai ma petite femme qui glisse souvent dans mes bagages une petite enveloppe avec des photos, des mots… Je l’ouvre une fois arrivé sur place. Je pense qu’elle va poursuivre la tradition et que j’y aurais droit pour Rio… Je n’ai pas d’objet particulier mais j’espère bien en ramener un dans mes valises au retour de Rio !!!
* Né à Décines, Christophe Durand est double champion paralympique (Pékin 2008 et Sydney 2000)