Nature sur ordonnance
21 juin 2021
La nature en ville n'est pas un luxe mais une nécessité tant ses bénéfices sur la santé physique comme mentale des citadins sont importants.
Né dans les années 1980, le concept de «biophilie» expose que, pour s'épanouir, l'homme a besoin de se sentir en harmonie avec d'autres êtres vivants comme avec la nature. Si l'idée vous renvoie à ce qui vous a manqué pendant les trois confinements que nous venons de traverser, vous faites partie des 80 % d'urbains ayant ressenti, entre autres, un déficit d'espaces verts...
De nombreuses études internationales ont également validé cette idée et démontré tous les avantages que l'homme tire de la fréquentation de la nature en matière de bien-être psychique et de santé globale. Diminution du stress lorsque l'on vit à moins de 300 m d'un espace naturel, réduction des troubles dépressifs, mais aussi des migraines, du diabète de type II : les bénéfices induits semblent multiples. Ils s'ajoutent à ceux déjà identifiés grâce à la pratique sportive sur les maladies cardiovasculaires, l'obésité et, plus généralement, la lutte contre la sédentarité du citadin.
La vraie nature des espaces verts
Une étude britannique de 2011 a même chiffré ces «bénéfices cachés» en matière de santé publique. Elle évalue à 340 € par an et par personne les économies réalisées sur les dépenses de santé par le fait d'avoir une vue sur la verdure depuis chez soi!
Les végétaux agissent aussi sur les conditions de vie des urbains. Un arbre de bonne taille se comporte comme un véritable filtre et retient jusqu'à 20 kg de particules par an grâce à sa faculté de capter la pollution présente dans l'air. Entre une rue arborée ou non, la présence de polluants peut être divisée par trois; chiffre à mettre en rapport avec les 40 à 100 000 décès annuels imputés à la pollution de l'air en France...
L'arbre, ce climatiseur
Filtres, mais aussi climatiseurs naturels! C'est une évidence: lors des épisodes de fortes chaleurs, les espaces de verdure font baisser la température. La réflexion et l'absorption de 30 % du rayonnement solaire par les arbres créent une ombre bienvenue pour les passants - avec parfois un écart de plus de 10°C -, mais aussi pour les logements épargnés par le soleil. Ajoutée à l'évapotranspiration des arbres, qui rafraîchit l'atmosphère alentour, on obtient un confort amélioré. Ainsi qu'un meilleur sommeil pour un autre bénéfice concret en faveur des citadins.
On sait aujourd'hui que les îlots de chaleur urbains (ICU) induits par la présence quasi exclusive du minéral reculent de 2 à 5°C lorsque l'on végétalise le sol - comme les cours d'écoles ou de crèches -, que l'on sanctuarise les espaces naturels ou que l'on en crée. Enfin, la capacité de stockage du carbone des arbres (jusqu'à 5 tonnes pour un spécimen de 30 mètres) fait d'eux des alliés concrets dans la lutte contre le dérèglement climatique.
Cultiver les bénéfices
Ces bienfaits ne doivent pas rester en jachère. On peut en récolter les fruits sur son balcon, dans son jardin, en participant au fleurissement des espaces publics (avec les jardins de rue) ou encore dans la soixantaine de jardins partagés répartis dans la ville. Ces derniers permettent tout à la fois d'avoir les mains dans la terre et de rencontrer d'autres cultivateurs du quartier (comme au jardin «Pentes Vertes» dans le 1er arrondissement, en photo).
Ces vertus du lopin de terre, bien connues du jardinier, sont même exploitées à but thérapeutique depuis peu. Membre de la Fédération française des jardins nature santé, Philippe Walch détaille ces bénéfices pour
«les publics fragilisés, personnes âgées, polyhandicapées, cérébrolésées... Un jardin thérapeutique apporte l'apaisement, une occasion de promenade, ou d'activité de jardinage. Les bienfaits sont flagrants, par exemple sur la qualité du sommeil, ou sur les doses de médicaments en psychiatrie».
Le secret ? « Des chercheurs ont récemment découvert la présence dans la terre d'une bactérie (Mycobacterium vaccae, ndlr) qui est un précurseur de la sérotonine. » Autrement dit, mettre les mains dans la terre favorise la fabrication par le corps de ce neurotransmetteur vecteur du sentiment de bien-être ! À chacune et chacun de tester.