Mehdi Coly donne du temps à la planète
16 septembre 2021
Rassembler un milliard d’euros pour financer 100 entreprises capables de réduire les émissions de carbone à l’échelle mondiale : l’immense pari lancé par six jeunes entrepreneurs lyonnais réunis au sein de Time for the planet (TFTP). Mehdi Coly est l’un d’entre eux.
À 35 ans, vous êtes un entrepreneur en série…
Mehdi Coly : J’ai créé ma première boîte à 21 ans pendant mes études de droit, qui ne me passionnaient pas. Vitacolo fait en sorte que les enfants handicapés puissent partir en colonies de vacances. Pour promouvoir l’activité, j’ai découvert le référencement internet que j’ai développé dans plusieurs structures spécialisées. Mais je suis plus porté sur la création que la gestion à long terme, que je confie ensuite à d’autres.
Quel a été le déclic de la création de Time for the planet ("du temps pour la planète") ?
Des prises de conscience individuelle pour chacun des six co-créateurs (Nicolas Sabatier, Laurent Morel, Coline Debayle, Arthur Auboeuf, Denis Galha Garcia et Mehdi Coly) ; et puis le fait que j’ai un enfant de 3 ans. J’ai réalisé que la planète était en train de mourir que l’on ne pouvait plus vivre de la même façon. J’ai changé les serveurs de mes structures, arrêté de prendre de l’avion… et le référencement internet - ce n’était plus possible ! J’ai conservé une entreprise qui me rémunère, mais je suis à 100% sur TFTP, comme les autres co-créateurs.
Comment fonctionne TFTP ?
L’objectif est de financer des solutions innovantes pour réduire les émissions de carbone ou pour les capter. Pour cela, il faut du capital : on voit trop de boîtes échouer parce que les ingénieurs n’ont pas un profil d’entrepreneurs. Nous nous sommes donc basés sur un financement participatif en ligne ouvert aux particuliers comme aux entreprises. 1 € investi donne droit à 1 action. Mais l’on n’investit pas pour gagner de l’argent, en tout cas pas avant que les objectifs de réduction carbone ne soient atteints. Ensuite, les entreprises postulent et leurs candidatures sont examinées par un collège d‘actionnaires. 3 000 d’entre eux, souvent des spécialistes, y participent, et décident de soutenir, ou non. Environ 300 projets sont examinés chaque trimestre. Nous misons également sur l’open source : les procédés techniques sont rendus publics pour que leur application par d’autres en démultiplie l’effet.
Des premiers résultats ?
En 18 mois, nous avons collecté 7 millions d’euros grâce à 25 000 actionnaires, parmi lesquels le CNRS, des chercheurs, des entreprises et même des fonds d’investissement. Nous venons de lancer (début juillet, ndlr) nos premières entreprises. Carbon impact utilise l’olivine, une roche volcanique courante, pour stocker du carbone. Vont suivre, Beyond the sea qui propose d’installer des kite (ailes) sur les bateaux pour réduire leurs émissions et Aredox, qui développe une batterie sans produits rares et polluants comme le lithium pour stocker l’électricité à grande échelle…
L’entreprise : un bon endroit pour la transition écologique ?
C’est contre-intuitif, mais oui. Souvent les solutions aux problèmes complexes sont contre-intuitives. Notre action consiste à intégrer des entrepreneurs aux équipes de chercheurs pour développer l’entreprise et assurer la pérennité du process.
L’avenir de Time for the planet ?
Même si nous avons déjà des investisseurs et des projets venus de l’étranger, il faut maintenant trouver des actionnaires capables d’installer la formule dans leur propre pays, à commencer par le Royaume-Uni, première cible.