Voisin : un temple du savoir-faire et de la transmission
À la tête de la maison Voisin, les cousins Romain et Franck Boucaud-Maître perpétuent les savoir-faire artisanaux et l’identité d’une institution familiale dont le cœur bat depuis plus de 125 ans pour Lyon et ses habitants. Dans leur fabrique du 9e arrondissement, ces entrepreneurs passionnés nous partagent les secrets du célèbre chocolatier torréfacteur.
Comment la maison Voisin parvient-elle à conserver son ancrage local et son indépendance ?
Romain et Franck Boucaud-Maître : L’ambition de Léon Voisin et de son associé, notre arrière-grand-père Joseph Boucaud, était de faire découvrir aux Lyonnais des pépites gustatives. Ils voyageaient et ramenaient du café, des épices, du thé, du chocolat… La maison Voisin est devenue une institution locale parce qu’elle a été pensée par des Lyonnais, pour tous les Lyonnais. De plus, notre grand-père était visionnaire (ndlr : Paul Boucaud-Maître). Il souhaitait que Voisin déploie son propre réseau de boutiques. Cela nous permet de choisir nos recettes, nos matières premières, nos prix, etc.
La torréfaction de vos cafés et la fabrication des chocolats sont toujours réalisées à Vaise ?
Fabriquer, c’est notre raison d’être. Nous travaillons toujours de la matière première jusqu’au produit fini. Nous avons certaines machines centenaires et pour les conserver, nous faisons usiner des pièces par une école installée à Vaise. Nous avons adhéré aux nouvelles technologies pour faciliter notre travail mais nous ne remplacerons jamais le geste, qui reste la marque de l’artisan. Fabriquer le « coussin » de Lyon, c’est 4 jours de travail et pas moins de 7 manipulations manuelles !
Comment conserver une fabrication artisanale ?
Nous réunissons une quarantaine de métiers qui, hélas, ne s’apprennent plus vraiment dans les écoles. Nous devons garantir leur préservation, sous peine de les voir disparaitre très rapidement. Nos collaborateurs ont 25 ans d’ancienneté en moyenne, ils ont un savoir-faire incroyable entre les mains qu’ils transmettent aux plus jeunes. Notre fabrique est un temple du savoir-faire et de la transmission.
Que représente pour vous le label « Fabriqué à Lyon » obtenu en 2021 ?
C’est une belle reconnaissance de nos valeurs. Au-delà de notre fabrique, nous avons la chance de vivre dans une région où sont disponibles beaucoup des produits qui agrémentent nos chocolats : le miel, les fruits, les alcools, les confitures, etc. Nous travaillons avec un écosystème local car ce sont nos valeurs et notre envie.
Nous nous adaptons aussi aux enjeux de l’époque. L’année dernière, nous avons acquis un brûleur de fumée qui élimine nos émissions de CO2 lorsque nous torréfions le café. Nous souhaitons aussi diminuer l’empreinte carbone liée à la logistique. Le transport maritime est polluant, nous étudions la possibilité de faire venir du café à la voile.
Comment imaginez-vous le commerce de demain, alors que la Ville de Lyon organise à l’automne les Assises du commerce et de l’artisanat ?
Le commerce vit une période de transition. Nos magasins doivent devenir des lieux d’expériences. Il faut raconter des histoires, proposer des dégustations, développer de véritables espaces de vie. Pour y parvenir, nous aurons besoin de l’aide de la Ville. Avec les Assises, nous serons vraiment au cœur de la discussion. Il est essentiel de prendre soin des indépendants, ils façonnent l’identité d’une ville.