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La SaintéLyon
Le 30 novembre, Cécile Arnould prendra le départ de la SaintéLyon pour la 3ème fois. Questions à une jeune coureuse qui n'a pas froid aux yeux.
Comment décide-t-on de s’inscrire sur une course de 82 km, la nuit, en décembre ?
Cécile Arnould : Dit comme ça, il est vrai qu’il y a une petite part de folie à prendre le départ de cette fameuse SaintéLyon. C’est justement ces paramètres qui en font une course unique et donc plutôt fascinante. Et quand on est lyonnais, c’est un peu le pèlerinage, la nuit mythique de l’année. De mon côté, je travaille avec Extra Sports (l’agence sportive qui organise la SaintéLyon et d’autres nombreuses courses) en tant que graphiste freelance. Tout l’automne et même plus tôt dans l’année, je suis déjà plongée dans l’ambiance de la course avec l’équipe, ce qui alimente mon envie de rejoindre la ligne de départ. Il y a la distance, mais il y a surtout les conditions "offertes" par une nuit de décembre. Quand on s’inscrit à la SaintéLyon, en tout cas pour ma part, c’est ce qu’on vient chercher avant le challenge de la distance : se confronter à la rudesse des conditions (souvent beaucoup d’humidité, de la neige ou du verglas, le froid), en pleine nuit. Sur une SaintéLyon, je vais un peu chercher tout ce qui me met dans l’inconfort pour tester mes ressources et mes capacités à dépasser la difficulté.
Quel est votre programme de préparation physique ?
Je suis une coureuse amatrice et ma pratique du trail et de la course à pied entre dans le cadre de mon mode de vie. Je suis un plan d'entraînement concocté par ma coach, adapté à mon rythme et aux courses de l’année. Cela représente 5 séances de course à pied par semaine, comprenant des footings, des séances spécifiques et des sorties longues. En prépa SaintéLyon, je cours entre 60 et 90 kilomètres par semaine, avec un peu de renforcement musculaire en parallèle. Disons que je m’amuse sérieusement. En fait, j’aime beaucoup le processus de l'entraînement et la discipline qu’il implique.
Avez-vous un objectif particulier pour cette édition ?
Faire mieux. Le 30 novembre, ce sera la 3ème fois que je prendrai le départ de la distance reine. En 2022, j’ai terminé les 78 km en 8h54, l’année dernière en 9h14. Le chrono dépendant en partie des conditions, l’objectif sera surtout de constater que l’entraînement paie et que je maîtrise un peu plus ce type de distance, que je suis capable de la courir un peu plus vite en prenant en compte ce paramètre météo. Je viens aussi chercher un peu plus d’expérience, et la satisfaction qu’elle apporte quand on se rend compte qu’elle est présente et utile.
Courir la nuit, c’est vraiment différent ?
Courir la nuit, c’est enlever tout le superflu. Ça recentre. Le périmètre de vision est réduit à ce qui compte et ce avec quoi on doit composer : soi-même. C’est fatiguant aussi car la concentration est encore plus importante que lorsqu’on court de jour. La SaintéLyon, c’est une bulle. Cette course me permet d’expérimenter et d’obtenir, surtout, quelque chose que je ne trouve pas ailleurs : la tête vide de tout ce qui n’est pas ici et maintenant. Car l’obscurité force à être 100% présent pour appréhender le terrain, et puis l’esprit ne peut se dissiper sur l’environnement qui nous entoure, si ce n’est sur le faisceau de frontales qui dessine le chemin au milieu de la nuit.
Votre souvenir le plus mémorable sur la SaintéLyon ?
Il se trouve quelque part après le ravitaillement de Saint-Genou, au kilomètre 48 ou 49, l’année dernière. C’est la première fois que je faisais une course avec une assistance, composée d’un trio de copains que je retrouvais à chaque ravitaillement pour me donner de l’eau chaude et surtout un réconfort express. Lulu, Simon et Mathieu. Le ravitaillement de Saint-Genou est plus petit que les autres et moins facilement accessible, il n’était pas prévu que je les retrouve à ce moment. Après de nombreux kilomètres sur le verglas, je n’attendais qu’une chose : pouvoir recourir à mon rythme sans la retenue et la petite peur de tomber. Le ravitaillement passé depuis 1 kilomètre, j’entends, au beau milieu de la nuit crier mon nom. Ils étaient là, par -10° degrés, à un endroit improbable et au moment où le terrain est devenu bien plus roulant. C’est un vrai shot d’adrénaline que j’ai pris en reprenant de grandes foulées à leurs côtés pour quelques mètres, et au rythme de la force qu’ils m’ont donnée.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui hésite à se lancer sur un trail ?
Pas facile, avec ma simple casquette de passionnée, d’apporter de vrais conseils à quelqu’un qui hésite à se lancer. Ce qui compte c’est de savoir pourquoi on fait ça, et ce qu’on vient chercher. D’être aligné avec ses motivations, sans oublier que le jour J ne représente qu’une petite part de l’investissement. Ce que je conseille pour une SaintéLyon ou un autre trail, c’est de se préparer. "Entraînement difficile, course facile". Ça peut paraître un peu militaire, mais c’est mon mojo pour apprécier chaque course et passer la ligne d’arrivée avec fierté.