A Lyon, tous piétons
Tous piétons ! Deux ans après le passage de Lyon en ville 30, les effets bénéfiques en matière de sécurité routière sont bien réels et démontrent toute l’importance de disposer d’un espace public où chaque mode de déplacement respecte l’autre.
Quel est le point commun entre un usager des transports en commun, un automobiliste et un cycliste ? Comme chacun de nous, ils deviennent tous des piétons à un moment ou à un autre dans les rues de la ville… Et dès lors, plus fragiles, susceptibles d’être victimes d’un véhicule en mouvement : voiture, vélo, mais aussi trottinette, électrique ou non… Chacun, quel que soit son mode de déplacement, doit donc faire attention à respecter plus fragile que soi.
Ville 30 : 35% d’accidents en moins
Le passage de 84% des rues de Lyon à 30 km/h en 2022 a répondu à cette attente de sécurité avec une baisse conséquente de 35 % des accidents. Les limitations de vitesse et les quelque 2 000 contrôles menés par la Police municipale l’an dernier ont porté leurs fruits. Mais ils ne peuvent à eux seuls remplir l’objectif de zéro décès dans les rues à l’horizon 2050, alors que l’espace public est occupé en moyenne à 80% par l’automobile.
Prenons la Presqu’île par exemple : 90% des déplacements s’y font à pied, pourtant l’espace réservé aux piétons reste bien en deçà. La mise en place progressive d’une zone à trafic limité (ZTL) entre la place Bellecour (2e) et le bas des Pentes (1er), d’ici à 2025, va améliorer la situation.
Tout d’abord en évitant le croisement des différents modes de déplacements. Ainsi, le trafic de transit automobile sera dévié, à l’image des 10 000 voitures/jour de la rue Grenette. Au sein de la ZTL, des rues seront piétonnisées, comme la rue Serlin. Ailleurs, des zones de rencontres avec une vitesse limitée à 20 km/h seront installées. Riverains et ayant-droits disposeront d’accès par des bornes, comme c’est déjà le cas sur le bas des Pentes depuis octobre 2023 dans le secteur des rues Sainte-Catherine, Saint-Polycarpe, Romarin…
Reconquérir l'espace public
Tout cela va permettre de requalifier 42 000 m2 d’espaces publics et de places, comme celle des Cordeliers, avec végétalisation, élargissement des trottoirs, développement d’activités nouvelles.
Même logique dans d’autres cœurs de ville. Dans le quartier Gabriel-Péri, les trottoirs de la rue Paul-Bert ont été récemment élargis, des passages piétons surélevés, la traversée du cours Gambetta facilitée pour les piétons.
« Franchement, ils ont fait du bon boulot, estime Samir Abrit de la boucherie Place Market 2, rue Paul-Bert. L’élargissement des trottoirs, qui étaient beaucoup trop étroits, attire les clients. Ils sont contents et les commerçants aussi, même ceux qui hésitaient : on peut sortir la marchandise, poser une petite terrasse… »
Le stationnement, outil de sécurité
Évidemment, cette ambition ne pouvait ignorer les plus fragiles d’entre nous : les enfants. D’où les 50 Rues des enfants déjà réalisées depuis 2020, qu’elles soient entièrement ou partiellement piétonnes, sécurisées ou avec des trottoirs élargis.
Enfin, la réforme de la politique de stationnement instaurée le 11 juin prochain va apporter sa pierre à l’édifice. Plus sociale d’un côté, elle est majorée pour les véhicules de plus de 1 525 kg, ces fameux SUV plus lourds, plus longs et plus hauts dont les études démontrent qu’ils augmentent les risques de blessures mortelles de 50% en cas de collision avec un piéton.
Quant au développement du réseau TCL et des Voies Lyonnaises, il contribue largement à ce nouveau visage des mobilités : à la fois multiples où chacun dispose de sa juste part de l’espace public. En sécurité.