Michel Sorine : "Fier de porter la flamme paralympique"
24 juin 2024
Avec Inès Dahmani, vice-présidente du club Lyon-la Duchère, Michel Sorine a été désigné pour porter la flamme paralympique le 26 août prochain par la Ville de Lyon. Il deviendra ainsi le premier sportif lyonnais à avoir porté à la fois la flamme olympique et la flamme paralympique. Il partage expérience et convictions en faveur d’un monde plus ouvert au handicap.
Qu’est-ce que ça signifie de porter la flamme paralympique ?
Michel Sorine : C’est un beau clin d'œil car j’ai déjà porté la flamme olympique à Grenoble il y a 18 ans, pour les JO d’hiver de Turin, quand j’étais valide. Aujourd’hui, je suis fier que la Ville de Lyon m’ait proposé de porter la flamme paralympique, là où j’habite et travaille depuis 40 ans. C’est emblématique pour moi, mais je le fais aussi pour ma ville, mes salariés et surtout pour mes camarades handisport.
Le sport, c’est à la fois une passion et un métier ?
Je suis venu à Lyon pour mes études de communication, avant de travailler dans la pub pendant 20 ans. J’ai toujours été très sportif : course, ski, vélo… Et, à la fin des années 1990, j’en ai fait mon métier. C’est comme ça qu’en l’an 2000 est né Extra Sports, fruit de ma passion pour les sports outdoor et de mon métier de créateur de concepts et d’événements. En 2023, on a vendu 100 000 dossards lors d’une dizaine de rendez-vous près de Lyon et dans toute la France : SaintéLyon, marathon du Beaujolais, la course cycliste Bordeaux-Paris, etc. Les Lyonnaises et les Lyonnais sont très course à pied ! Le parc de la Tête d’or est souvent identifié comme le parc où l’on court le plus en Europe et après tout, c’est ici qu’a été inventé le premier trail urbain de France en 2008, avec le Lyon Urban Trail.
Vos courses sont, bien sûr, ouvertes à tous ?
Oui, on accueille des personnes en situation de handicap sur la plupart de nos événements, avec des précautions quant aux limites du corps de chacun. Il faut que tout le monde se mélange dans le peloton, coureurs et joëlettes [fauteuil roulant tout terrain, proche d’une chaise à porteurs sur une roue, ndlr], que la présence de personnes en situation de handicap en événement sportif devienne standard, sans se gêner les uns et les autres. Le plus important est d’empêcher la ségrégation !
“ Pour être sportif et en situation de handicap, il faut du courage et de la volonté ”
Sport et handicap, ça ressemble à quoi ?
Sans surprise, mon quotidien de sportif n’est plus le même qu'avant. Désormais, je pratique assidument le handbike, un vélo avec lequel on pédale avec les bras. Après mon accident, en 2014, j’ai suivi la rééducation dans une salle d’activités physiques adaptée. Sauf que quand vous sortez de l’hôpital, ça n’existe plus ! Pour être sportif et en situation de handicap, il faut du courage et de la volonté. Rien que se promener dehors est un challenge, la preuve : on est des millions de gens en fauteuil en France, mais moi je ne les vois jamais en ville !
Qu’avez-vous fait pour retrouver le plaisir du sport ?
Nous avons monté l’association ANTS et en 2018, on a inauguré la salle SPORT, à Gerland : la toute première salle de sport entièrement dédiée aux personnes en situation de handicap moteur. Et ça a du succès ! On est plus d’une centaine d’adhérents à s’y retrouver, pour faire du sport ou rompre l’isolement. Spécificité de la salle, certaines machines fonctionnent à la stimulation électrique des muscles : cela permet de pédaler avec ses jambes, même quand elles ne fonctionnent plus. Cette salle est un vrai exemple d’inclusion et d’ailleurs, deux salles sur le même modèle ont ouvert à Grenoble et Montpellier. Encore une fois, Lyon reste pionnier !